OSCAR
C’est l’histoire d'Oscar, un petit garçon qui possédait un os et un car. Il était encore trop jeune pour conduire, il rêvait d’être un chauffeur heureux, mais comment ?
Oscar ouvrait les portes de son car et invitait chacun à prendre le volant pour partager un moment de vie, un voyage. Ainsi, musiciens, sportifs, scientifiques, professeurs et artistes en tout genre, se faisaient chauffeur tandis qu'Oscar restait assis au fond du bus avec ses amis, les yeux et les oreilles grands ouverts.
Les musiciens conducteurs, lui faisaient découvrir des paysages mélodieux : salsa, jazz, afro, kompa, classique, rap et tant d’autres. Tous lui murmuraient à l’oreille de s’arrêter sur le bas-côté pour danser et prendre le temps de ressentir chaque note, chaque harmonie, s’en imprégner.
Oscar aimait la musique.
Les sportifs conducteurs parcouraient avec lui les plus belles chaînes de montagnes, découvrant à quel point l’exercice physique pouvait procurer du bonheur. Tous ensemble, ils sautaient de vallée en vallée, gravissaient les cols, dépassaient leurs limites, se donnant mutuellement du courage, poussant parfois même le car de toutes leurs forces pour continuer d’avancer dans la neige et le froid.
Oscar aimait le sport et le dépassement de soi.
Avec les scientifiques et professeurs conducteurs, le garçon s’évadait sur les jolies routes de l’abstraction mathématique et les sentiers luxuriants de la forêt des sciences de la vie. Ces voyages l'intéressaient beaucoup, lui qui était curieux de comprendre le monde, sa beauté et sa complexité. Ces escapades étaient riches en surprises et découvertes.
Oscar aimait les sciences.
Enfin, revenaient régulièrement les balades organisées par les peintres et dessinateurs conducteurs. Souvent, leurs voyages s’accompagnaient de grandes pauses dans des coins retirés, dédiées à l’observation et à l’inspiration. Le car d’Oscar devenait un lieu de liberté où musiciens, sportifs et scientifiques avaient tous autant leur place. Entouré de ses amis, il dessinait et écrivait des poèmes sur la carrosserie jaune du car tout en chantant à pleine voix. Le garçon était conquis, il aimait beaucoup cette façon d’échanger, de s’exprimer. Il se plaisait à donner de belles couleurs à ses émotions, ou plutôt de belles émotions aux couleurs qu’il utilisait. Il ressentait le besoin profond de créer, de partager ses passions et approfondir ses réflexions. Pour Oscar, ces escapades étaient uniques, les passagers échangeaient les œuvres d’art de leur vie, signées d’une joie authentique.
Oscar aimait l’art.
Ainsi, petit à petit, le car se remplissait d’amis, de passions et de rêves. Oscar comprit à travers chacune de ses rencontres que l’amour était une force qui animait les gens et pouvait se transmettre de bien des façons. Il était heureux que ses invités puissent s’exprimer à travers son car, faire découvrir aux autres leur personnalité, leur curiosité, leurs états d’âme et surtout cette petite étincelle qui faisait battre leur cœur. Le garçon avait alors appris plein de choses qui lui donnaient à son tour envie de vivre avec un grand V. Il était encore dans la douceur de l’enfance, et sa vie roulait comme sur des roulettes.
En grandissant, Oscar gagna en maturité à travers des périples difficiles. Aux rêves s’opposaient de plus en plus une vision plus sombre de l’Homme et la tristesse du monde. La vie était magnifique mais ne pouvait être un conte de fées éternel. Pour autant, Oscar s’accrochait à son âme d’enfant, même s’il montait un peu moins dans son car, devant garder un pied sur terre pour survivre dans le monde des grands.
Il s’accrocha jusqu’à être en âge de conduire. Son rêve d’enfant était alors sur le point de se réaliser et le garçon reprenait espoir. Il prit le volant de sa nouvelle vie. Mais après avoir allumé le moteur, il leva la tête et là : le vide. Il se demandait où aller, que faire. Les passagers commençaient à s’impatienter et descendaient peu à peu du car, pressés par les impératifs du quotidien. Oscar se retrouva seul dans son monde onirique. Une éclipse avait obscurci son cœur. Frustré, il essaya d’avancer malgré tout, mais s’embourba rapidement sur un chemin où il ne se trouvait plus lui-même. Il se mit à réfléchir et se souvint qu’il avait aussi un os qui reposait depuis des années dans la boîte à gants du car. Oscar le saisit et le serra fort contre lui en se répétant : « os, os, os, os » encore et encore : « os, os, os... Ocelot ». L’étincelle reparut soudainement ! Oscar se rappela de Monsieur Ocelot, un passager qui venait durant son enfance conduire le car. Ces voyages étaient extraordinaires de par leur simplicité. Mr Ocelot demandait à tous les passagers d’imaginer avec lui de jolies balades. Il rassemblait alors les gens et leurs étincelles pour former un soleil de vie illuminant le bus d’une beauté sans pareil. La richesse de cet homme reposait sur la créativité et la sensibilité de tous ceux qui l’inspiraient. Il voulait faire rêver avec l’amour qu’il portait au monde.
Oscar comprit, c’était donc ça qui rayonnait en lui, l’envie profonde de participer à ce qui le faisait rêver petit : la création de voyages authentiques nourris par l’imagination et les talents de chacun. Ainsi, le garçon fit de son car une école de la vie. Il ouvrit grand les portes comme quand il était petit, et invita les gens à vivre leurs passions, se faisant chauffeur d’orchestre d’un chœur de passagers rêveurs. Oscar aimait la vie.